La liste de Noël


Soirée discussion du lundi 4 décembre




                     La liste de Noël


Il est de tradition pour les enfants d’envoyer une lettre au Père Noël afin de lui indiquer ce qu’ils souhaiteraient comme cadeau (x).
Dans certaines familles, cette habitude perdure sous forme de liste établie par chacun pour faciliter le choix des autres membres.
Ce thème de la liste de Noël peut apparaître au premier abord comme une boutade, mais le sujet s’avère un peu plus complexe si l’on y réfléchit bien.
En effet, on peut y retrouver plusieurs enjeux qui sont loin d’être anodins.

  1.         Tout d’abord, pour pouvoir établir une telle liste, il est nécessaire d’avoir conscience de ses besoins, et aussi de ses envies. 
     S’interroger sur soi-même, en fin de compte. Sur ce qui nous fait plaisir dans la vie, par exemple. Un grand nombre de personnes, lorsqu’on les interroge, est incapable de répondre : « Je ne sais pas… », « je n’ai besoin de rien… ».
Un cadeau n’est pas forcément utile, il peut aussi être joli, ou apporter ce petit peu de superflu que l’on n’ose pas toujours s’accorder à soi-même.
Souvent aussi, on pense à des objets, des choses matérielles, et c’est vrai que là on peut arriver à saturation. Mais il peut aussi s’agir de quelque chose de plus immatériel, comme une sortie, une visite, une expérience, un moment à vivre.
  1.   2.  Et là on arrive au deuxième point, encore faut-il oser demander.
Prendre soin de ses besoins passe aussi par le fait de demander, et parfois ce n’est pas très facile.
  •       Soit parce qu’on préfère se croire plus fort, indépendant, n’avoir besoin de personne, pouvoir se débrouiller seul-e, etc… Parce que oser demander, c’est implicitement admettre qu’on n’est pas tout, que l’autre peut apporter quelque chose, et ainsi lui donner d’une certaine façon une sorte de pouvoir sur nous. On pense qu’on risque de se sentir redevable, par exemple, ou bien qu’on se dévoile et que l’autre peut en profiter.

  •       Soit parce qu’on voudrait ne pas avoir à demander, que l’autre devine, sans que ça passe par la parole, par les mots. Comme lorsqu’on était un tout petit bébé et notre entourage devait deviner ce qui se passait pour nous. Avec plus ou moins de succès, d’ailleurs. Il peut rester une nostalgie de ce temps-là, ou bien au contraire le sentiment de l’avoir trop peu connu. C’est une façon de faire assez répandue dans les couples, par exemple, et qui est à l’origine de bien des malentendus. Pour peu que l’un des deux soit assez intuitif, ou observateur, il va trouver tout seul ce qui peut faire plaisir, et va s’attendre à la même chose de la part de son conjoint. Qui lui(ou elle) aura besoin au contraire qu’on lui formule de façon explicite (par peur de se tromper, par exemple, ou pour toute autre raison).
      Ces deux stratégies ont pour point commun d’éviter de se confronter à un refus éventuel. Si je ne demande pas, l’autre n’aura pas à dire non, et je ne vais pas courir le risque de me sentir rejeté-e, abandonné-e, mal-aimé-e.




3.   Troisièmement, la liste de Noël soulève le problème de l’attente, ou plutôt des attentes.  
      En Analyse Transactionnelle, il existe ce qu’Eric Berne appelle « l’attente du Père Noël », qui consiste à attendre le coup de baguette magique, l’évènement, le déclic, qui va tout changer. La rencontre avec l’âme sœur, la maison de ses rêves, le travail parfait, gagner au loto, etc, etc…Et le temps s’écoule, et bien sûr rien ne vient. On peut passer ainsi sa vie à attendre passivement quelque chose de l’extérieur qui ne se produira jamais, et passer complètement à côté de sa propre réalisation.
Faire une liste de Noël ne veut pas dire pour autant abdiquer toute initiative. Demander est déjà un premier pas. Il peut y en avoir d’autres.

4. Enfin, et c’est peut-être le point le plus difficile à percevoir : oser recevoir.
Ce qui n’est pas aussi évident qu’il y paraît. Sans nous en rendre compte, nous adoptons parfois une attitude qui décourage les dons éventuels.
  • Parfois, comme nous l’avons vu, par crainte de se sentir en dette, de devoir rendre à son tour.
  • Parfois par une sorte de pudeur, par peur de montrer sa joie, sa gratitude, ou même l'appréhension de se retrouver submergé par l’émotion.
  • Parfois par manque d’estime de soi, avec le sentiment que c’est trop beau, qu’on ne mérite pas.
      Ce qui est dommage c’est qu’alors on prive la personne qui nous fait un cadeau du plaisir qu’elle-même peut éprouver.  





En résumé, on pourrait alors établir ainsi le mode d’emploi d’une liste de Noël : 
  •   Prendre le temps de s’interroger sur ses besoins, ses envies, ses sources de plaisir 
  •   Apprendre à demander, sans attendre d’être deviné, et sans se sentir diminué pour autant : parler en je, exprimer clairement son besoin ou son envie. Et garder en tête que l’autre est toujours libre de refuser, et que ça ne diminue en rien notre propre valeur.  C’est quelque chose qui lui appartient. Peut-être était-ce mal formulé, ou inadéquat, ou bien encore ça ne s’adressait pas à la bonne personne, auquel cas la stratégie demande peut-être encore quelques réglages. Peut-être vaut-il mieux privilégier les listes suffisamment longues et variées pour donner plus de choix. Mais nous n’avons pas à avoir honte de nos désirs et de nos demandes.
  • Apprendre à recevoir, en toute simplicité, les cadeaux. Que ce soient les cadeaux d’une personne ou ceux de la vie, il est bon de pouvoir remercier.
  • Et ne pas tout attendre des autres. Chacun fait ce qu’il peut, et nous sommes aussi nous-mêmes les artisans de nos propres joies, et nous pouvons mettre en place ce qu’il faut pour les aider à se matérialiser. Un excellent proverbe ne dit-il pas : aide-toi, le ciel t’aidera ? 
     
     Voilà, maintenant vous pouvez vous amuser à faire des listes, à vos proches, à votre ange gardien, à la Vie, à vous-même, à qui vous voulez.
Vous autoriser à rêver … et commencer à y travailler.


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