Comment je m'en sors ?


Comment je m’en sors ?



    C’est peut-être la question la plus fréquemment entendue dans un cabinet de psy. Elle, ou bien l’une de ses variantes : « Qu’est-ce que je fais avec ça ? ». Voire même, encore plus explicite : « Comment je m’en débarrasse ? ». 

    Parce que c’est bien de cela dont il s’agit au fond. Cette chose qui me fait souffrir, qui me dérange, je voudrais la faire disparaître, ne rien avoir à faire avec elle.
    Réaction légitime, bien sûr. Qui voudrait rester une minute de plus que nécessaire avec quelque chose qui fait souffrir.
    Et pourtant c’est souvent là, dans cette précipitation, que réside la source de bien des problèmes.
Cette chose que je ne veux pas voir, contre laquelle je lutte de toutes mes forces, que je m’applique à fuir en permanence, en réalité tant que je fais tout mon possible pour l’ignorer, elle continue à me hanter en permanence.
    Prenons l’exemple d’une terreur d’enfant. Quelqu’un qui viendrait consulter suite à des peurs irraisonnées, des comportements inexplicables. En creusant un peu, on s’aperçoit que l’origine est une frayeur d’enfant qui a été niée par les parents. (C’est un peu simpliste, mais c’est pour montrer le mécanisme).
    Une fois retrouvée cette terreur d’enfant, le premier réflexe, c’est de se dire : ok, maintenant que j’ai compris d’où ça vient, je veux qu’elle disparaisse. A peine vue, tout de suite l’évacuer.
    Ce qui est compréhensible, mais qui n’en est pas moins une erreur.
    Parce que c’est méconnaître le fonctionnement humain. Le mental est satisfait, soit, il a trouvé une réponse, une explication. Mais ce n’est qu’une première étape, car ce qui a été blessé dans cette histoire, c’est avant tout  l’enfant de l’époque, l’enfant qui à l’intérieur de soi continue à être terrorisé.
    Et si on cherche à tout prix à se débarrasser de cette blessure encombrante, on ne fait ni plus ni moins que répéter ce qu’ont fait les parents, les éducateurs, l’environnement d’alors, nier, ne pas prendre en compte, ne pas entendre, attitude qui en fin de compte a cristallisé le traumatisme

    Alors comment faire ? 

    Le contraire. 

    L’environnement de l’époque a fait comme il a pu, et l’enfant de l’époque a subi lui aussi comme il a pu, chacun a fait de son mieux, il ne s’agit pas de jeter la pierre, de chercher des fautifs, des responsables.
    Mais à présent la situation a changé, je suis devenu adulte, je peux agir, prendre ma vie en mains, et c’est à moi de prendre en charge les besoins de cet enfant, de mon enfant intérieur

    De quoi aurait eu besoin cet enfant ? Qu’on l’écoute, qu’on l’entende, qu’on le console, qu’on le réconforte ? Alors c’est à l’adulte en moi, le parent bienveillant en moi, de prendre le temps d’écouter mon enfant intérieur, de le consoler, de le réconforter. De le soigner. D’oser le prendre par la main et d’aller revisiter avec lui ce qui lui a fait si peur, d’aller explorer tous les recoins de cette cave terrifiante, menaçante, où sont tapies des bêtes monstrueuses.

    Exactement l’opposé de ce que j’ai fait jusqu’à maintenant. 

    Et lorsque l’adulte aura bien pris soin de cet enfant, que cet enfant sera rassuré, alors il n’aura plus besoin de se manifester pour attirer l’attention, il n’aura plus peur, et les comportements inadaptés disparaîtront, puisqu’ils n’auront plus lieu d’être

    

Et je m’en serai sortie, en prenant soin de mon enfant blessée, 
en allant à sa rencontre plutôt que de la fuir ou de l’ignorer.


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